Mamoudzou, le lundi 27 novembre 2017 – Un récent Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) consacré à Mayotte présente plusieurs articles...
Mamoudzou, le lundi 27 novembre 2017 – Un récent Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) consacré à Mayotte présente plusieurs articles qui font état de difficultés sanitaires importantes ces dernières années à Mayotte*, au point de mobiliser la réserve sanitaire à trois reprises malgré l’absence d’événement sanitaire exceptionnel. Cent-quatre vingt réservistes ont ainsi effectué 4042 jours de mission (urgences, maternité, rattrapage vaccinal) pour compenser la pénurie de soignants au regard d’une « pression démographique explosive ». Mais c’est la question de l’eau qui domine.
A Mayotte, plus d’un tiers des habitants vit dans un logement insalubre avec un accès limité à l’eau courante et à un réseau d’assainissement correct. En mai 2016, dans un groupe de migrants comoriens expulsés de leur logement, la plupart des problèmes de santé ayant donné lieu à une consultation concernait des enfants, atteints pour 78% d’une pathologie infectieuse dont 35% de gastro-entérite aiguë. La typhoïde est endémique sur l’île, ainsi que la leptospirose dont on sait le lien avec les eaux souillées.
Il n’y a plus de saison … des pluies ?
A Mayotte, 80% de la production d’eau potable vient des ressources superficielles, donc dépend des précipitations. Or, cette année, les pluies qui débutent habituellement en novembre ne sont arrivées qu’en mars. Du fait de la pénurie d’eau, un régime de coupures prolongées a été mis en place dès le 15 décembre et jusqu’au 30 avril 2017. Durant cette période, une nette augmentation des diarrhées a été notée par la CIRE OI** qui craignait aussi - un comble pour une période de sécheresse – les arboviroses. En effet, les conditions favorables à la multiplication des moustiques étaient réunies dans les réservoirs et stockages du peu d’eau dispensée par le ciel ou le robinet.
Note positive cependant, la lutte contre le paludisme a porté ses fruits à Mayotte, aujourd’hui en phase d’élimination malgré un rebond en 2016 et la présence inattendue d’un vecteur au nom peu engageant : anopheles funestus. Une espèce rare et plus abondante … en saison sèche.
Décidément, c’est à en perdre son créole.
*BEH 24-25 Mayotte : des données épidémiologiques pour l’évaluation et la prévention des risques sanitaires
**Cellule d’intervention de Santé Publique France en région Océan Indien).
Dr Blandine Esquerre
RÉFÉRENCES
*BEH 24-25 Mayotte : des données épidémiologiques pour l’évaluation et la prévention des risques sanitaires
**Cellule d’intervention de Santé Publique France en région Océan Indien).
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