" Mon cher frère Dini, passes me voir dès que possible. Abi ". ...
"Mon cher frère Dini, passes me voir dès que possible. Abi". Il avait sa chambre dans la résidence familiale où nous passions des nuits à discuter du devenir du pays.
Abi Abdallah Youssouf |
Je savais où étaient cachées les clés. J'avais ma cabane à Kourani Madil Hadji où nous passions des week-ends à écrire des tracts. Il savait où étaient cachées les clés. J'étais au Lycée et lui venait de rentrer de France. Avec son merveilleux sourire, il savait comment nous motiver pour combattre les mercenaires. Il lui arrivait parfois d'arrêter de parler pour nous jouer de la guitare et finissait la note par son sourire légendaire.
Il nous invitait à aller boire un bon thé yashi Moroni chez Mouzaoir Abdallah, une bonne occasion pour nous abreuver des rhétoriques patriotiques de ce grand homme politique. Il aimait nous parler de l'amour de son travail. Être au cœur de l'énergie du pays, c'était pour lui une fierté qui se lisait clairement dans sa modestie. La fierté, c'était aussi être son ami et partager sa culture humaniste. Son élégance et son savoir-vivre attiraient toute notre admiration. Admiration surtout en le regardant étinceler de beauté avec sa charmante compagne qu'il chérissait profondément.
Ce petit mot que tu me laissais chez moi " Mon cher frère Dini, passe me voir dès que possible", tes questions pertinentes sur ce que nous considérions évident, ta façon de nous tenir la main pendant quelques minutes pour nous transmettre une chaleur humaine, toi qu'on a jamais vu sans offrir un joyeux sourire, mon frère Abi, l'admiration que j'ai en toi m'empêche de te pleurer.
Au jardin fleuri de ton coin de paradis que tu as su cultiver avec ta force de croyance et où tu nous attends, nous te rendons ton merveilleux sourire. Reposes toi, ta vie a été un noble combat gagné.
©DINI Nassur