[Correctionnelle] Taxis et repas sur place : un vaste trafic de drogue marseillais passé au crible Le procès de ce qui fut l'un des...
[Correctionnelle] Taxis et repas sur place : un vaste trafic de drogue marseillais passé au crible
Le procès de ce qui fut l'un des trafics de drogue les plus lucratifs de Marseille, minutieusement organisé avec ses repas livrés sur place, ses veilleurs de nuit, et ses dirigeants suspectés d'appartenir à l'un des clans les plus redoutés de la cité phocéenne, s'est ouvert lundi.
Très hiérarchisé, le point de vente de la cité des Lauriers pouvait servir jusqu'à 900 clients pour un chiffre d'affaires journalier de 60.000 euros. Il a été démantelé en 2015.
Après la disjonction du cas de l'un d'eux, vingt-sept prévenus ont pris place devant le tribunal correctionnel de Marseille. Neuf hommes soupçonnés de composer l'état-major du réseau comparaissent détenus.
Guetteurs du point de vente, guetteurs mobiles à distance, gardien de nuit des lieux, vendeurs, superviseurs, au sein de ce trafic "c'était chacun à sa place, chacun à son rôle" a observé la présidente Estelle de Revel.
Au terme de 68 jours de surveillances entre juin 2014 et mai 2015 et de nombreuses écoutes téléphoniques, les enquêteurs ont identifié le rôle de chaque prévenu dans le trafic. Ils ont comptabilisé jusqu'à 93 clients en une heure.
Les "salariés" travaillaient en deux équipes, l'un de 9 à 18 heures, la seconde prenant la relève jusqu'à 02h30. Certains guetteurs bénéficiaient d'un transport en taxi. Les repas pris sur place étaient commandés par les responsables dans les snacks du quartier. Sur une écoute, on entend un livreur de pizzas demander : "C'est pour le charbon (trafic, ndlr) des Lauriers ?".
Quatre membres d'une famille d'origine comorienne de la cité, les Ahamada, sont présentés par l'accusation comme les chefs de ce réseau. Les deux aînés Djoussouf Ahamada, alias Sénateur, et Oukoutoub Ahamada, surnommé Beur, sont toujours détenus.
Selon la police judiciaire, le trafic était aux mains du clan des "Blacks", une "organisation criminelle" auquel appartiendraient les frères Ahamada. La cité des Lauriers a été le théâtre de plusieurs règlements de comptes.
"On jette le nom des Ahamada en pâture", s'est emporté un avocat de la défense, Me Pierre Bruno, dénonçant la "rumeur" lorsque ce point a été évoqué, à la suite d'une requête du parquet.
Lors d'une suspension d'audience, les policiers ont retrouvé un joint de cannabis dans une geôle du palais de justice. "Dans un procès sur un trafic de stupéfiants, si on commence à fumer du cannabis, ce n'est pas admissible", a relevé la présidente du tribunal. "C'est un joint, pas un rail !", a ironisé depuis le box l'un des prévenus. Le procès doit durer jusqu'au 10 novembre. ©AFP