La vie chère et après ?

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Tout le monde parle de la baisse des prix tantôt imposés tantôt négociés par les nouvelles autorités pour lutter contre la vie chère aux Co...

Tout le monde parle de la baisse des prix tantôt imposés tantôt négociés par les nouvelles autorités pour lutter contre la vie chère aux Comores, particulièrement durant ce mois sacré. 

On ne peut que se réjouir des mesures prises et féliciter les autorités concernées de venir en aide à la population comorienne accablée par la pauvreté et le chômage. Nul ne doute que les mesures prises aideront la population dans son ensemble à souffler et à faire un bon ramadan par rapport à ses dépenses quotidiennes devenues pesantes, contraignantes et quasi étouffantes.

Pour la majorité des Comoriens que nous sommes, la vie chère est devenue un fléau qu'il faut certainement combattre avec virulence pour la dignité des Comoriens comme pour le développement du pays et du tourisme auquel nous aspirons. Une chose est cependant de s’attaquer à ses manifestations et une autre de s’attaquer à ses causes ou à ses racines.

La vie aux Comores est chère en valeur absolue comme en valeur relative. Selon le site numbeo, le repas dans un restaurant de bas de gamme en revient en moyenne à 5,11 euro contre, 3,42 euro aux iles Fiji, 4,12 euro en Tanzanie, 1,60 euro à Madagascar, et 4,90 euro au Sénégal. La vie chère aux Comores est une résultante de facteurs commerciaux, économiques et culturels.

Les Comores dépendent presque en tout des produits importés. Mais pire encore, le pays n'exporte quasiment rien en retour en dehors de ses produits de rentes. L’indice de cout de la vie y est aux Comores de 98,4% sur la base 100 pour PARIS. Il en coute de fait pratiquement autant de vivre aux Comores que de vivre à Paris pour les niveaux de revenus par habitant de 736$ aux Comores et de 43 807$ en la France, et un salaire moyen de 2 202 euros en France et 60 euros aux Comores. 

La faute aux importations mais aussi à l’inaptitude du pays à ne rien exporter de bon en retour pour se payer ce dont il ne peut pas ou ne veut pas produire localement. Les marchandises arrivent très chères au pays. Le cout moyen d'exportation d'un conteneur de 20 pieds revenait en 2014 aux Comores à 1.295$ contre 1.195$ à Madagascar, 675$ a l'ile Maurice, 700$ au Seychelles, 1090$ en Tanzanie.
Ces couts n’ont cessés d’augmenter durant la période de 2011 à 2014 pour le cas des Comores (1207$ en 2011 contre 1295$ en 2014), alors qu’ils baissaient pendant la même période en Tanzanie, aux Seychelles et à l’ile Maurice. Les Comores sont affectées par le niveau et le caractère désuet de ses infrastructures portuaires, du cout de manutention et du retour à vide des conteneurs à leur destination d'origine. 

Pour les raisons indiquées, les produits importés reviennent plus chers aux Comores qu'il reviendrait à l'ile Maurice, aux Seychelles, à Madagascar ou en Tanzanie. La vie est chère aux Comores car le pays manque cruellement des politiques et des infrastructures requises pour rendre l’économie du pays compétitive à l’échelle de la région comme à l’échelle mondiale.

L’état, peu compétitif contribue en soi à la vie chère, d’autant plus qu’il est surdimensionné par rapport aux besoins du pays et aux revenus qu’il est en possibilité de générer pour son fonctionnement. Réduire la vie chère passe par réduire le train de vie du gouvernement pour qu’il soit financièrement supportable au pays. Le Rwanda a vendu aux enchères plus de 2000 voitures de fonction qui ont permis à l’état de renflouer ses caisses et de faire des économies conséquentes sur son budget de carburant national. 

Les mesures palliatives concertées de baisse des prix des denrées de premières nécessitées sont un pas non négligeable. Le risque est toutefois que ‘Etat soit obligé comme dans le cas de la mamwe à subventionner le manque à gagner auprès de l’ensemble de la chaine commerciale et économique.

Une baisse mécanique des prix aussi souhaitable que bienvenue mais non accompagnée d’un changement profond et radical des conditions de marché exige une perfusion lourde de la part de l’Etat qui peine à subventionner la mamwe. A défaut de pouvoir changer sa structure de production et de commercialisation, la mamwe ne peut vendre son électricité à 132 KMF le Kw qu’avec la subvention des deux tiers de son carburant par l’Etat.

Dans sa quête à réduire durablement et significativement la vie chère aux Comores, l’Etat doit aider à changer les conditions du marché et la structure de nos échanges. Il devra considérer de réduire par exemple les couts de communication téléphoniques qui demeurent parmi les plus élevés au monde et les couts de connexion internet dans le contexte d'une société de plus en plus interconnectée. 

Les couts de connexions téléphoniques comme d'internet pèsent foncièrement sur le budget des ménages comorien et entravent le développement du pays. Pour ce qui est des transports, la baisse des prix des taxis est essentielle. L'Etat doit cependant penser à organiser les transports en commun car même réduits à 500, 600 ou même 200 francs, les transports intra et inter régionaux demeurent encore trop cher. 

L'Etat doit encourager l'émergence de sociétés de transports communs privées, publiques ou semi publiques pour que lesdits transports reviennent en dehors des capitales à 200 ou 300 franc maximum. A la capitale, les transports en commun doivent revenir au maximum à 50 francs pour que le citoyen comorien ou le touriste en visite puisse se déplacer en ville moins cher.

L'éducation est à aussi considérer. Les écoles privées coutent très chères aux citoyens. L'Etat doit réhabiliter l'école publique gratuite. La santé n'est pas aussi en reste. Les soins médicaux sont parmi les plus chers aux Comores. Ces facteurs agrégés font que le commerçant est obligé de vendre ses produits deux fois ou trois fois plus chers, que le taximan est obligé d'augmenter ses tarifs, que le salarié est contraint à exiger une protection salariale minimale, que le touriste ne peut pas venir aux Comores, que l'économie ne tourne pas, que l'état joue au gendarme, etc. 

Le chantier pour la lutte contre la vie chère est loin d'être acquis et ne le sera pas par les seuls arrêtés ou les négociations avec les concernés. Les mesures prises par les nouvelles autorités sont un début salutaire, mais un début qui ne doit pas faire oublier que la lutte contre la vie chère est avant toute chose un chantier économique et politique qui requiert une vision de développement du pays à long terme, accompagnée par des mesures adéquates à court terme ainsi qu’un engagement méthodique et éducatif à agir plus sur les causes que les symptômes de notre sous-développement.

Par Abdoul Anziz Said Attoumane
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