Madagascar : Hery Rajaonarimampianina, la présidence à petits pas

Personne ne l'attendait à ce poste, et c'est peu dire que ses adversaires ne l'ont pas ménagé, mais, en deux ans, Hery Rajaonari...

Personne ne l'attendait à ce poste, et c'est peu dire que ses adversaires ne l'ont pas ménagé, mais, en deux ans, Hery Rajaonarimampianina est parvenu à s'imposer à la tête du pays.

Il marche d’un petit pas rapide. Toujours élégant dans son costume légèrement trop grand, mais au bouton du milieu impeccablement fermé. Parfois, il s’arrête devant sa voiture pour saluer la foule, puis disparaît très vite, comme pour fuir les regards. L’ancien expert-comptable n’a, à première vue, rien perdu du style légèrement austère qui était le sien lorsqu’il était encore professeur d’université à Antananarivo. Aucune esbroufe chez cet homme-là : Hery Rajaonarimampianina s’inscrit parfaitement dans la lignée mondiale des « présidents normaux », voire transparents, selon certains.
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Pourtant, rarement un président malgache aura subi de telles pressions de la part de la classe politique, dans un pays où elles proviennent, en général, davantage de la rue. Motion de déchéance menée par le Parlement en mai 2015, appels à la démission du Premier ministre et de son gouvernement quelques semaines plus tard… Rien ne lui a été épargné. « Les députés se sont acharnés parce qu’aucun ne se reconnaissait en lui », affirme Toavina Ralambomahay, politologue et auteur de Madagascar dans une crise interminable (L’Harmattan).
Celui que toute la classe politique locale avait condamné avant même qu’il soit entré en fonction, en janvier 2014, a survécu aux tempêtes successives en s’imposant comme « l’homme de la situation » – l’expression est celle d’Ulrich Andriantiana, ministre du Tourisme et des Transports. Le 29 décembre 2015, son parti a même remporté haut la main les élections sénatoriales.

Des alliances et le soutien d’Andry Rajoelina


« Hery » revient pourtant de loin. En décembre 2013, personne ne s’attendait à ce que cet ancien ministre des Finances sous la transition soit élu au deuxième tour de la présidentielle, avec 54 % des suffrages, grâce à un subtil jeu d’alliances et au soutien de son ancien chef, le président Andry Rajoelina, empêché de se présenter. Mais avec Rajoelina, l’entente est de courte durée : le nouveau chef de l’État refuse de se voir imposer son Premier ministre par son ancien mentor, et lui le vit comme une trahison.

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Lâché par le Mapar, la coalition pro-Rajoelina, majoritaire à l’Assemblée nationale, Hery est alors obligé de gouverner par « consensus » : son chef de gouvernement est prié de s’entourer de personnalités issues de toutes les tendances du pays, des pro-Ravalomanana aux pro-Ratsiraka, deux anciens présidents. Une stratégie qui lui permet de compenser le fait qu’il ne dispose pas du soutien des députés et de neutraliser ses principaux opposants.

En mai 2014, le nouveau président crée le HVM (Force nouvelle pour Madagascar), parti sur lequel il va pouvoir s’appuyer pour contrecarrer un Parlement par trop hostile. Le HVM remporte haut la main les élections communales de juillet 2015 puis les sénatoriales avec plus de 65 % des suffrages. « Nous avions tout misé sur les communales, explique Rivo Rakotovao, ministre d’État chargé du projet présidentiel et chef du HVM. Car les maires et les conseillers municipaux sont les grands électeurs au Sénat, l’un ne va pas sans l’autre. Nous n’avons certes que 36 députés apparentés HVM, mais le Sénat nous est désormais complètement acquis pour faire contrepoids. »

Madagascar occupe une nouvelle fois le cinquième rang du classement des pays qui produisent le moins de richesses par habitant en 2015, avec un PIB par tête de 392,60 dollars, selon le FMI

« Hery » aurait pu dissoudre l’Assemblée pour obtenir une nouvelle majorité présidentielle. Il a préféré utiliser toutes les cartes de son jeu en s’appuyant sur le calendrier électoral. Dans cette logique, les prochaines élections territoriales pour élire les chefs de régions qui doivent avoir lieu cette année, devraient consolider un peu plus son pouvoir. « Il dirige son pays en expert-comptable, constate Lova Rajaoarinelina, conseillère politique à la présidence. Il a d’abord voulu remettre les compteurs à zéro avant d’exécuter son programme. Son objectif principal, c’est la stabilité politique. »

Résultat : Madagascar occupe une nouvelle fois le cinquième rang du classement des pays qui produisent le moins de richesses par habitant en 2015, avec un PIB par tête de 392,60 dollars, selon le FMI. Une réalité qui explique peut-être le désintérêt croissant des Malgaches pour leurs politiciens et les succès faciles du HVM. Lors des élections communales, le taux d’abstention a battu un record historique, en plafonnant à presque 30 %. « Malgré les promesses successives, les gens ne voient pas leur quotidien s’améliorer, déplore Ketakandriana Rafitoson, analyste politique et militante active du mouvement citoyen Wake Up Madagascar. Ils sont fatigués de tant d’années de crise, ne sortent même plus dans la rue pour protester ou réclamer quoi que ce soit. »

Pour atteindre les objectifs de bonne gouvernance et faire taire les accusations de corruption, le président a limité les dépenses à 200 millions d’ariarys (59 000 euros) par ministère et par mois, et mis en place un système de contrôle des finances. Les membres de son cabinet vérifient scrupuleusement les actions et les comptes des uns et des autres. Tous les cent jours, chaque ministre doit rendre un rapport. « Sous son air sympa, il est très strict. Il met en avant la « redevabilité » des membres du gouvernement face aux Malgaches », assure son ministre de l’Emploi, Ramarcel Benjamina Ramanantsoa.


La lutte contre la pauvreté


En effet, avec 85 % de la population qui vit, selon la Banque mondiale, avec moins de 2 dollars par jour, « celui qui a pour seul ennemi la pauvreté », selon la formule d’Ulrich Andriantiana, sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur. En deux ans, il s’est échiné à convaincre les bailleurs de fonds et à séduire les investisseurs étrangers. Selon l’un de ses proches conseillers, il a fait sien un vieil adage de Didier Ratsiraka, renversé en 2002 : « On veut de l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide. »

L’Union européenne a déjà versé une enveloppe d’un montant de 97 millions d’euros sur les 455,4 millions promis. La reprise de l’exploration du sous-sol et des fonds sous-marins, riches en pétrole, en or, en chrome et en uranium, a été possible grâce au retour progressif des investisseurs, principalement français, mauriciens, chinois et américains. Et si la croissance demeure aux alentours de 3 % en 2014, la « méthode Hery » fait déjà illusion.

« C’est presque un miracle. Nous sommes passés d’une situation de chaos à la stabilité. Pour nous, c’est un signal positif qui nous rend optimistes quant à la capacité de ce pays à accueillir le prochain sommet de la Francophonie, en novembre », se réjouit-on du côté de l’Élysée. Reste à savoir si le président pourra compter encore longtemps sur la coalition hétéroclite qui soutient son action. D’autant qu’Andry Rajoelina ronge son frein et que Marc Ravalomanana rêve de revenir aux affaires… À presque mi-mandat, le chemin semble encore long et semé d’embûches.

PRESQUE PRÊTS POUR LA FRANCOPHONIE


C’est le Centre de conférence international d’Ivato, inauguré en 2008, qui accueillera le sommet de la Francophonie fin novembre. Près de 45 délégations sont attendues, soit un total de 3 200 personnes en deux jours. Madagascar a entamé un vaste plan de rénovation de ses infrastructures hôtelières, jusque-là en piteux état. Agrandi d’une nouvelle zone internationale, l’aéroport d’Ivato devrait multiplier sa capacité d’accueil par quatre.

Les routes, très abîmées, devraient être réhabilitées, et une autoroute devrait voir le jour entre l’aéroport et le centre de la capitale pour mettre un terme aux interminables bouchons. La sécurité sera assurée par une coopération entre les armées et polices malgaches, françaises et américaines, selon des sources proches de la présidence. Ouvriers, hôtes d’accueil, service d’ordre… La préparation du sommet a déjà permis la création de 6 000 emplois. L’Île rouge veut prouver au passage qu’elle est redevenue une destination sûre, moderne et attrayante. Tout un programme !

François-Xavier Freland - Jeune Afrique
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