Journal d’un pèlerinage politique au pays de l’introuvable vie politique

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Après plus d’une décennie d’absence du territoire national, me trouvant ainsi éloigné de ma terre natale, coupé de mes racines ancestrales, ...

Après plus d’une décennie d’absence du territoire national, me trouvant ainsi éloigné de ma terre natale, coupé de mes racines ancestrales, cela va s’en dire, ce fut une épreuve moralement rude et humainement affligeante et insoutenable. Toute cette douleur ressentie et toute la souffrance endurée à la suite de ce déracinement brutal, à n’en plus douter, a généré son lot de conséquences, entre autre, la perte inexorable de repères face à une situation essentielle qui fut pourtant longtemps maîtrisée mais que l’œuvre d’érosion du temps s’est acharnée à altérer, en en brouillant la lecture, en semant ainsi le doute dans l’esprit quant aux éléments d’analyse sur lesquels on se réfère. 

À partir de là des questions se posent: d’une part, disposons-nous toujours d’une légitimité suffisante pour nous «immiscer» dans le débat politique national? D’autre part, quelle crédibilité doit-on accorder à notre interprétation de l’action publique conduite par nos autorités successives, et quelle valeur revêtent notre vision et nos suggestions relatives à la gestion de notre pays, gestion qui se situe à des années lumières de notre propre réalité quotidienne? Toutes ces questions je me les suis posé par honnêteté morale et aussi intellectuelle à maintes reprises, voyez-vous, jusqu’à à ce que vient enfin l’heure de la délivrance, celle qui marque le retour aux sources, de manière à s’imprégner de cette réalité politique et socioéconomique du pays profond, une source d’inspiration intarissable et indispensable pour rester arrimé au cordon ombilical et demeurer au plus prêt des préoccupations de notre peuple. C’est un moment chargé d’émotion et de sensations exceptionnelles quand on se sent renaître des cendres sur la terre ferme de ses ancêtres. Cela est vécu comme une résurrection de l’esprit et du corps.
  
Dès lors, l’esprit lui-même s’apaise et recouvre sa sérénité absolue et la conscience semble bénéficier d’un état de grâce éternel. Les événements qui défilent devant vos yeux constituent un sérieux alibi, une motivation supplémentaire, incontestable et incontrôlable, comme la colère qui nous emporte au vu du spectacle de désolation qui fait le quotidien de nos concitoyens: précarité, misère, pauvreté, inégalité, injustice, mépris, indifférence, archaïsme et obscurantisme. Voilà le menu copieux que le pouvoir public nourrit le peuple comorien jusqu’à à la boulimie. Face à cette réalité-là, il n’y a pas deux alternatives, mais une seule: agir pour ne pas subir, dénoncer pour ne pas être considéré comme complice d’un système hideux, mafieux, kleptocratique, budgétivore et cannibalique. Car, «qui ne dit rien consent». La volonté de servir s’affirme en même temps que le désir d’agir se renforce avec la ferme conviction d’être en parfaite harmonie avec sa propre conscience et en symbiose avec ses convictions profondes.
 
Nous voilà de nouveau réhabilités par l’Histoire et pour l’Histoire, au service de la majorité silencieuse. Écrire n’a jamais été un exercice facile pour qui que ce soit, de surcroît quand il s’agit de partager son modeste point de vue sur des sujets très sensibles dont en dépendent des milliers de vie humaines. Je mesure le poids écrasant d’une telle responsabilité, même si ceux qui en ont la charge considèrent que c’est le cadet de leurs soucis, leur priorité à eux étant ailleurs, hélas! Mon ambition à moi est d’inscrire ma réflexion dans le flot ruisselant du débat politique national au même titre que tout le contingent de cadres et intellectuels expatriés qui continuent à avoir une pensée constructive pour leur pays d’origine et dont je salue et encourage leur contribution enrichissante, qu’ils gratifient avec talent et générosité à la grande collectivité nationale.
 
Nous sommes détenteurs de l’espace d’expression. Il est crucial d’en profiter pour faire triompher la vérité, sans complaisance, ni esprit partisan, quel qu’en soit le prix. Cette vérité, le pays l’exige de tous les acteurs politiques et socioéconomiques. C’est son droit le plus absolu et incontestable puisque nous admettons que le peuple a des devoirs. Alors, comment lui renier un droit aussi élémentaire qu’est le droit au savoir et à l’information? Nous avons l’obligation morale et intellectuelle de combler ce versant propre au domaine essentiel de la communication en fluidifiant l’information en vue de la rendre accessible au pays profond, à cette majorité silencieuse, de manière à ce qu’elle soit saisie et débattue au sein du Parlement des Invisibles, là où légifère le peuple souverain. Si pendant une période courte, l’esprit s’est payé le luxe excessif de vagabonder, désormais, le spectacle qu’offre le pays réel est impitoyable de vérité fracassante qui ne lui accorde aucun moment de répit, tellement l’état de lieu est éloquent. Une fois plongé dans ce décor apocalyptique, on en sort anéanti, complètement groggy et sonné.
 
L’absence d’État est frappante, le manque d’autorité de régulation est criant, le délabrement de toutes les infrastructures de base hallucinant. Le pays est dans une désorganisation totale. Il n’y a pas un seul secteur stratégique qui fait exception à la règle. L’insouciance et l’inconscience des dirigeants comoriens dépassent toute réalité humaine. Nous sommes face à la seule administration au monde qui se contente imperturbablement de gérer le chaos, assistant impassible à l’enlisement à la propagation d’une misère qui prolifère à la vitesse du son pour finir par étrangler et asphyxier un peuple comorien à bout de souffle et au bord de l’effondrement. Ici, la réalité dépasse la fiction. Quand à la prétendue «opposition nationale», je vous livre trois paramètres qui, à mon sens, doivent vous éclairer sur son état de santé réel. Premièrement, son attitude complice face à l’état de dégradation continuelle des conditions de vie et d’existence de notre peuple qui ne semble préoccupée outre mesure même quand la société civile s’est sacrifiée pour être le portevoix des Indignés, cette opposition n’a pas été capable de relayer la colère de la rue. Confrontée aux exactions quotidiennes d’un régime mafieux, dictatorial et despotique, notre «opposition» continue à rester sourde, muette et imperturbable. Deuxièmement, certains leaders de cette «opposition» n’hésitent pas à apporter leur soutien à un régime politique qui n’a de cesse de fouler aux pieds les principes élémentaires relatif à un état de droit démocratique et républicain. Troisièmement, le voyage effectué par le Président français François Hollande dans le cadre de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Commission de l’océan Indien (COI) a permis de mesurer combien cette «opposition» est d’une inutilité absolue et ne remplit aucun des rôles que la Constitution lui confère.
 
Or, la population est en droit d’attendre de sa part une vraie contribution au débat républicain et démocratique. Pourtant, la provocation de la part du dirigeant français, qui a jugé bon de lancer les hostilités depuis l’île française de la Réunion pour les poursuivre sur une partie intégrante du territoire national, en l’occurrence Mayotte, offrait une opportunité inespérée à cette opposition pour prouver son existence et justifier son utilité politique, surtout pour convaincre que l’alternance à un sens dans notre pays. Or, elle a brillé par son silence assourdissant et déconcentrant. J’avoue que désormais la solution comorienne n’est pas incarnée par ces clubs de type jet set. Pouvoir et «opposition» aux Comores ne sont que le trait d’union d’une classe politique schizophrène, désuète et complètement en décalage avec les réalités politiques de notre pays.
 
La solution à court terme ne peut qu’émerger de la seule conscience comorienne, une conscience saine, incarnée par la communauté nationale expatriée, la diaspora comorienne celle-là même qui, depuis 20 ans, joue le moteur du développement communautaire à travers le mouvement associatif, cette communauté qui porte à bras-le-corps l’économie nationale, à coup de devises et de transferts 59 à 93 milliards de francs comoriens par an. Cette somme permet d’équilibrer la balance commerciale, en réalité déficitaire sans cet effet d’aubaine. Son engagement politique doit s’accentuer sur la base d’une réorganisation de ses structures existantes. Leur harmonisation est indispensable afin de les rendre mieux adaptées, plus audibles, efficaces et performantes. C’est pourquoi j’en appelle à la tenue prochaine des états généraux de la diaspora comorienne avant la fin de l’année 2014 à Marseille. Dès maintenant, je m’engage à œuvrer pour le succès de cette grande manifestation. J’ose croire à votre totale adhésion à cette démarche d’intérêt national ainsi qu’à votre précieuse contribution, où que vous soyez. Les Comores ne doivent pas mourir car nous avons le devoir moral de leur apporter notre aide pour assurer leur pérennité dans les meilleures conditions qui soient.

Par Kamal Abdallah Salim
Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores
© www.lemohelien.com – Samedi 30 août 2014.
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